Histoire

01/10/2023

Le bombardement de Bruxelles en 1695, la destruction et la renaissance de la capitale belge

Le bombardement de la ville de Bruxelles par les troupes françaises du roi Louis XIV, les 13, 14 et 15 août 1695, et l'incendie qui en a résulté, est la catastrophe la plus destructrice que la ville ait eu à subir au cours de son histoire. Cette tragédie a laissé une marque indélébile dans l'histoire de la capitale belge et a profondément modifié son aspect urbain. Dans cet article, nous explorerons le contexte historique, le déroulement du bombardement, ses conséquences, ainsi que les efforts de reconstruction qui ont suivi.

Contexte historique

Le XVIIe siècle a été une période tumultueuse pour les habitants des Pays-Bas méridionaux, également connus sous le nom de Pays-Bas espagnols. Ces territoires, séparés des Provinces-Unies, ont été le théâtre de nombreuses guerres, destructions et bouleversements en raison des conflits entre les différentes puissances européennes. En 1695, la France de Louis XIV était engagée dans une politique d’expansion territoriale, y compris l’annexion progressive des possessions espagnoles du nord.

La guerre de la Ligue d’Augsbourg faisait rage en Europe depuis 1688, opposant la France de Louis XIV à une large coalition européenne dirigée par Guillaume III d’Orange, stathouder des Provinces-Unies et futur roi d’Angleterre. Bruxelles, en tant que capitale des Pays-Bas espagnols, était au cœur de cette confrontation.

Trougnouf (Benoit Brummer), Public domain, via Wikimedia Commons

Le Bombardement

Le bombardement de Bruxelles a été précédé de préparatifs minutieux. Le maréchal de Villeroy, commandant des troupes françaises, a élaboré un plan détaillé, évaluant le matériel nécessaire, y compris les canons, les mortiers, les bombes incendiaires, et la logistique pour transporter tout cela. L’armée française, composée de près de 70 000 hommes, a quitté Mons le 7 août en direction de Bruxelles.

L’armée française est arrivée devant Bruxelles le 11 août et s’est installée à l’ouest de la ville. Bruxelles, avec ses fortifications vétustes, n’était pas une place forte, et les Français n’avaient pas l’intention de la prendre, mais plutôt de la bombarder. Les premières bombes et boulets incendiaires ont été tirés le 13 août, déclenchant un incendie qui s’est rapidement propagé dans la ville.

La population a été exhortée à rester chez elle, mais la panique a poussé de nombreux habitants à fuir, emportant leurs biens les plus précieux. En une nuit, le cœur de la ville était en feu, y compris des bâtiments emblématiques tels que l’Hôtel de Ville, le Magistrat, et l’église Saint-Nicolas.

Le bombardement a duré près de 48 heures, faisant peu de victimes humaines en raison de l’évacuation préventive de la population. Cependant, les dégâts matériels et culturels étaient considérables. De nombreuses œuvres d’art, mobilier, et archives ont été détruits, affectant la mémoire historique de la ville.

Conséquences et Réactions

Le bombardement de Bruxelles a suscité l’indignation en Europe, car il représentait une rupture avec les conventions tacites qui régissaient les guerres jusqu’à cette époque. Ce bombardement de terreur, ciblant une population civile étrangère au conflit, était inédit.

La reconstruction de Bruxelles a été un défi colossal. Les autorités de la ville ont pris des mesures pour répondre aux besoins urgents, notamment en garantissant l’approvisionnement en vivres et en rétablissant l’ordre. Cependant, deux visions divergentes ont émergé quant à la manière de reconstruire la ville.

Le gouverneur Maximilien-Emmanuel de Bavière avait des ambitions de transformation urbaine, inspirées par le style baroque. Il souhaitait moderniser la ville en adoptant une architecture nouvelle. Cependant, les habitants de Bruxelles et les autorités municipales ont privilégié la reconstruction rapide en préservant la structure existante de la ville.

La reconstruction a été marquée par des mesures urbanistiques, telles que l’élargissement des rues et la création de nouvelles places publiques, mais la forme générale de la ville médiévale a été préservée. En fin de compte, la reconstruction de Bruxelles a été un processus long et complexe qui s’est étalé sur plusieurs décennies.

Héritage

Le bombardement de Bruxelles de 1695 reste un événement majeur de l’histoire de la ville, témoignant des ravages de la guerre et des conséquences dévastatrices pour la population et le patrimoine culturel. Cet événement a également laissé une empreinte durable dans la mémoire collective de Bruxelles.

Aujourd’hui, Bruxelles est une ville moderne et dynamique, mais elle a préservé de nombreux témoignages de son histoire tumultueuse. Les visiteurs peuvent encore découvrir des vestiges de l’architecture médiévale dans le centre-ville, ainsi que des monuments et des musées qui rappellent l’histoire complexe de la ville.

Le bombardement de Bruxelles en 1695, bien que tragique, a finalement contribué à façonner la ville telle que nous la connaissons aujourd’hui, en mêlant l’ancien et le nouveau, et en montrant la résilience de ses habitants face à l’adversité.

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