Histoire

20/02/2024

L’histoire du circuit de Nivelles-Baulers, un précurseur de son époque

Le monde du sport automobile a vu naître de nombreux circuits tout au long de son histoire. Avant l'avènement des pistes modernes, certains Grands Prix se déroulaient sur des tronçons de routes publiques, comme par exemple à Spa-Francorchamps, ou sur des circuits éphémères spécialement aménagés. Un exemple de cela est observable à Nivelles-Baulers, qui a accueilli les Grands Prix de Belgique en 1972 et 1974.

Genèse du projet

Dans les années 60, le NAC (Nivelles Automobile Club), un groupe de passionnés, était déjà actif dans l’organisation d’épreuves de rallye, notamment les célèbres « 12 Heures de Nivelles », qui se déroulaient sur des routes publiques. À cette époque, l’engouement pour les sports moteurs était à son apogée, avec l’organisation alternée du Grand Prix de Formule 1 entre Spa et Zolder chaque année. Le circuit de Spa, alors long de 14 km, était critiqué par les pilotes comme étant trop dangereux, incitant à la recherche d’une alternative, qui se concrétisa à Nivelles.

Yvan Dauriac, résidant à Uccle, nourrissait le rêve d’un nouveau circuit aux portes de Bruxelles. Après avoir découvert que la CAP (Commission d’assistance publique) possédait des terrains à Nivelles, il réunit des investisseurs, un entrepreneur et un architecte pour donner vie à son projet de construction.

L’âge d’or du circuit de Nivelles

Dans les années 70, le circuit de Nivelles vivait son âge d’or, accueillant diverses courses, dont le prestigieux Grand Prix de Formule 1. Cependant, les difficultés économiques ont rapidement pris l’équipe par surprise, compromettant sa viabilité. La compétition avec le célèbre circuit de Spa-Francorchamps a également contribué à cette situation tendue, suscitant une défense acharnée de la part des responsables politiques de la province de Liège.

Face à des problèmes financiers insurmontables, le circuit a fait faillite en 1974, obligeant même Bernie Ecclestone à financer le Grand Prix de Formule 1 de cette année-là. Lors de la vente aux enchères qui a suivi, l’État belge a été doublé par l’homme d’affaires Laurence Gozlan, qui a ensuite organisé divers événements sur place, allant des courses à des entraînements pour la gendarmerie, des essais de prototypes automobiles à une course cycliste.

Un moment notable s’est déroulé le 21 septembre 1980, avec l’organisation d’une épreuve du championnat du monde de karting en trois manches. Ayrton Senna, le futur champion de Formule 1, a participé, se classant 13e lors de la première manche, remportant la deuxième, mais terminant seulement troisième dans la dernière. Ces résultats moins brillants que prévu ont privé Senna du titre de champion du monde, remporté par le Néerlandais Peter De Bruijn.

La fin du circuit

Les défis économiques, les plaintes des riverains concernant le bruit et la délivrance limitée des autorisations de courses rendent ardue la gestion continue du circuit de Nivelles. En 1980, la Région wallonne classe le site comme « zone d’extension d’équipements communautaires et de services publics ». Laurence Gozlan engage plusieurs procès pour faire valoir ses droits, une bataille juridique qui s’étend jusqu’au milieu des années 90.

Pendant cette période, les infrastructures, laissées à l’abandon, se détériorent progressivement. Des courses illégales s’y déroulent, et en 1986, un grave accident survient avec la découverte d’une voiture accidentée criblée de balles dans un fossé.

En 1994, la Ville de Nivelles sollicite l’Intercommunale du Brabant wallon pour prendre en charge le dossier et trouver une solution favorable.

Fin 1998, le circuit disparaît à jamais. Une zone industrielle « Portes de l’Europe-Nivelles business park » voit le jour. Les travaux commencent en 1999. Une liaison est faite entre la route et la ligne de départ/arrivée. Les stands et les bâtiments disparaissent. Concernant la piste, il ne reste aujourd’hui que +/- un tiers du tracé, limité à 50km/h.

Le 29 juin 2014, quarante ans après la dernière course de Formule 1, Le Formula Club Belgium organise une démonstration, le Grand Prix de Nivelles Revival, sur une partie de l’ancien tracé.

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