Histoire

10/03/2024

Parcovilles de Charleroi, une tentative futuriste en mode faillite

À Charleroi, les Parcovilles ont laissé une empreinte inoubliable dans le paysage urbain, symbolisant une époque d'innovation et de défis. De 1989 à 2015, ces parkings souterrains entièrement automatisés ont été le reflet d'une tentative audacieuse de repenser le stationnement automobile dans la région.

Genèse du projet : Un souffle d’innovation pour Charleroi

Initié dans le cadre d’un projet de relance économique du bassin minier sinistré de l’Aveyron à Decazeville, les Parcovilles ont été conçus par André Labarre, natif de Viviez en 1935. En 1986, la société PFP (Procédés France Parking), créée par Labarre, dévoilait ce concept novateur, intégrant trois sous-projets majeurs, dont les Parcovilles, dans un ensemble visant à revitaliser l’économie locale.

À Charleroi, six Parcovilles ont été érigés en 1990, avec l’objectif de révolutionner le stationnement en optimisant l’espace et en assurant une sécurité renforcée pour les véhicules. Des structures en métal, essentielles à la réalisation de ce projet, étaient fabriquées par l’entreprise de chaudronnerie MTI à Decazeville.

Jmh2o, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Fonctionnement ingénieux des Parcovilles : Un ballet automatisé souterrain

Le principe de fonctionnement des Parcovilles était à la fois simple et ingénieux. Les usagers déposaient leur véhicule dans un kiosque d’accueil, inséraient leur carte magnétique dans le lecteur, et le ballet automatisé commençait. Un imposant ascenseur monté sur vérin prenait en charge le transfert du véhicule en souterrain, avec un temps impressionnant de 1 à 2 minutes. Un système sur coulisse plaçait ensuite la voiture dans une place de parking, disposée en étoile autour de l’ascenseur.

La sécurité était au cœur du concept, l’ordinateur vérifiant scrupuleusement l’absence de personnes dans le kiosque ou dans le véhicule avant d’initier le stationnement. Les avantages annoncés comprenaient un gain d’espace, une automatisation totale et une sécurité accrue contre le vol et le vandalisme.

Défis économiques et fermeture des Parcovilles de Charleroi

Cependant, malgré ces avantages, les Parcovilles ont dû faire face à des défis économiques considérables. Les frais d’entretien élevés, les pannes fréquentes et la dépendance envers une seule société de maintenance ont entraîné des coûts supérieurs aux parkings souterrains traditionnels.

Les clients étaient parfois réticents, trouvant le système automatique complexe et éprouvant des inquiétudes quant à la récupération de leurs véhicules.

À Charleroi, la tentative d’intégrer cette innovation dans le quotidien s’est soldée par des déboires. En 1994, les premières pannes ont éclaté, entraînant des coûts de réparation et de maintenance élevés. En 1999, tous les Parcovilles de la ville étaient hors service. Des tentatives de relance en 2002, avec un investissement d’un million d’euros, ont été vaines. La fermeture définitive a été décidée en 2013, marquant la fin d’une ère d’innovation urbaine à Charleroi.

Jmh2o, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Jmh2o, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Aujourd’hui, aucune trace tangible des Parcovilles ne subsiste à Charleroi, marquant la disparition complète de ces structures emblématiques. Malgré les efforts déployés pour remettre en service les six Parcovilles par la société Epolis, avec un investissement substantiel d’un million d’euros, et la tentative de la régie communale autonome de prendre le relais, ces parkings souterrains ont finalement cédé face aux défis économiques.

En 2013, tous les Parcovilles de Charleroi ont été fermés, scellant leur destin. Les travaux de démolition, inévitables face à une réalité économique complexe, ont été entrepris en 2014 et 2015, mettant un terme définitif à une époque d’innovation urbaine. Ce qui reste aujourd’hui de ces structures révolutionnaires, ce sont les leçons tirées de leur histoire mouvementée, soulignant les impératifs financiers et les contraintes pratiques qui accompagnent toute tentative de révolutionner le paysage urbain. Les Parcovilles, autrefois symboles d’une vision audacieuse, ont été effacés du panorama urbain de Charleroi, laissant derrière eux des souvenirs et une réflexion sur la pérennité des innovations dans un contexte en constante évolution.

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