Bombardement du Rex d’Anvers, l’attaque de missile V2 la plus meurtrière de l’Histoire

Histoire

16/12/2024

Bombardement du Rex d’Anvers, l’attaque de missile V2 la plus meurtrière de l’Histoire

Le 16 décembre 1944, alors que la Seconde Guerre mondiale entre dans sa dernière phase, un événement tragique et dévastateur frappe la ville d’Anvers, en Belgique. Le cinéma Rex devient le théâtre de l’attaque de missile V2 la plus meurtrière jamais enregistrée, causant la mort de 567 personnes. Retour sur cette journée sombre qui, 80 ans plus tard, continue de hanter la mémoire collective.

Une attaque en plein cœur d’Anvers

Ce jour-là, la ville d’Anvers est en effervescence. Malgré la guerre, le cinéma Rex, ouvert en 1935 et connu pour son architecture moderne, propose une projection du film Une aventure de Buffalo Bill. La salle est bondée, rassemblant entre 1 000 et 1 200 personnes, dont de nombreux soldats alliés venus se détendre après des semaines de combats.

À 15 h 17, un missile V2, tiré depuis Hellendoorn aux Pays-Bas par l’unité allemande SS-Werfer-Abteilung 500, frappe directement le toit du bâtiment. L’explosion est d’une violence inouïe. Le cinéma est instantanément réduit en ruines, entraînant avec lui une dizaine d’autres bâtiments voisins.

Un bilan humain effroyable

Le bombardement du Rex est d’une ampleur jamais vue : 567 morts, dont 296 soldats alliés, pour la plupart britanniques, et 271 civils belges. Parmi ces derniers, plus de la moitié sont des femmes et des enfants, avec un âge moyen de seulement 26 ans.

Le chaos qui suit l’explosion est indescriptible. Les opérations de secours s’étalent sur une semaine entière pour extraire les corps des décombres. Les victimes, difficiles à identifier, sont emmenées au zoo d’Anvers pour un dernier hommage avant leur inhumation au cimetière du Schoonselhof.

Ce drame représente le bombardement avec un seul projectile le plus meurtrier de la Seconde Guerre mondiale, hors frappes nucléaires.

Vlaamse Gemeenschap, CC BY 4.0, via Wikimedia Commons

La censure et les répercussions locales

Pour éviter de fournir des renseignements aux Allemands sur l’efficacité des missiles V2, les autorités alliées imposent une censure totale sur l’événement. Cependant, Adolf Hitler en est rapidement informé, bien que les informations transmises soient largement exagérées : le bilan est gonflé et la date erronée.

À Anvers, la tragédie force le bourgmestre Camille Huysmans à agir. Tous les lieux publics fermés, comme les cinémas et les théâtres, sont immédiatement fermés, et les rassemblements de plus de 50 personnes sont interdits pour minimiser les risques.

Un lieu chargé d’histoire, aujourd’hui disparu

Le cinéma Rex, emblème culturel de la ville avant le drame, est reconstruit en 1947. Toutefois, il ferme définitivement ses portes en 1993 pour cause de faillite. Deux ans plus tard, en 1995, le bâtiment est démoli pour faire place à un cinéma moderne du groupe UGC.

Aujourd’hui, une dalle commémorative marque l’ancien emplacement du Rex, rendant hommage aux centaines de victimes de cette attaque tragique.

Une leçon pour l’Histoire

Alors que l’on commémore les 80 ans du bombardement du Rex, il est essentiel de rappeler que ce drame incarne l’horreur de la guerre et les souffrances infligées à des innocents. Si le missile V2 était présenté comme une arme miracle par le régime nazi, il restera dans les mémoires comme une machine de destruction aveugle et inutile.

Anvers, avec sa résilience, a su se relever de cette épreuve, mais le souvenir de cette journée meurtrière demeure, gravé à jamais dans l’Histoire.