Histoire

24/04/2024

Imperia, l’histoire d’un fleuron de l’industrie automobile belge

Des débuts modestes dans la fabrication de motocyclettes à son ascension fulgurante dans le monde de l'automobile, Impéria incarne l'esprit d'innovation et de résilience qui a marqué l'industrie automobile belge du début du XXe siècle. Découvrez comment cette marque emblématique a su relever les défis, repousser les limites de l'ingénierie automobile et laisser une empreinte indélébile dans l'histoire de l'automobile belge.

De la motocyclette à l’automobile, une ascension fulgurante

En 1902, Adrien Gustave Piedboeuf, descendant d’une famille de sidérurgistes belges établie en Allemagne, revient sur la terre de ses ancêtres à Liège, rue de Fragnée. Dès l’année suivante, il fonde la société A.G. Piedboeuf-Dawans et Cie, initiant la construction de motocyclettes. Cependant, sa véritable passion réside dans l’automobile. Avec l’ingénieur allemand Paul Henze, il développe les premiers modèles de la marque Piedboeuf-Impéria, abandonnant progressivement la production de motos.

Les premiers salons : des débuts prometteurs

La reconnaissance d’Imperia commence à se dessiner lors du Salon de l’Automobile de Paris en 1906, où deux châssis sont exposés, attirant l’attention grâce à leur qualité de fabrication et leur prix compétitif.

L’année suivante, au Salon de Bruxelles, la marque présente un modèle révolutionnaire, le 16/20, doté d’un châssis en tôle emboutie et de caractéristiques techniques novatrices, suscitant l’admiration des visiteurs et consolidant sa réputation de constructeur de voitures de qualité en avance sur son temps.

Expansion et fusion, les années de croissance

Face à une demande croissante, l’usine de Fragnée devient rapidement trop petite, poussant Piedboeuf à acquérir l’usine Pieper de Nessonvaux, entre Liège et Verviers, en 1907. Les nouvelles installations permettent d’augmenter la capacité de production et de répondre à la demande croissante.

En 1912, Imperia fusionne avec les Automobiles Springuel, élargissant ainsi sa gamme de produits et renforçant sa présence sur le marché.

L’ère Van Roggen, innovation et résilience

Après la Première Guerre mondiale, Mathieu Van Roggen prend les rênes d’Imperia, redonnant vie à l’entreprise après les ravages du conflit. L’usine reprend progressivement son activité, développant de nouveaux modèles tels que l’Imperia-Tili, innovant dans la conception des moteurs. Malgré les défis économiques des années 1920, Imperia demeure un acteur majeur de l’industrie automobile belge.

User:Xofc, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

La piste d’essai sur le toit, une prouesse technique

Pour résoudre les problèmes liés aux essais sur route, notamment de nombreux accidents dans le village, Imperia décide de construire une piste d’essai sur le toit même de son usine à Nessonvaux.

On raconte qu'il n'y avait plus de poules dans le village, à cause des testeurs qui les tuaient lors de leurs passages

Inspirée de l’usine Lingotto de la FIAT à Turin, cette infrastructure permettait à Imperia de tester ses véhicules à des vitesses élevées, avec des pointes allant jusqu’à 140 km/h. Cette initiative audacieuse démontra l’ingéniosité de la marque dans le domaine de l’ingénierie automobile.

En savoir plus : Usine Imperia

La crise et le déclin, des années difficiles

La crise économique des années 1930 frappe durement l’industrie automobile belge, et Imperia ne fait pas exception. Pour survivre, l’entreprise trouve un accord avec Adler pour produire le modèle Trumpf, mais la concurrence reste rude. Malgré une diversification de ses activités, notamment dans les machines-outils, Imperia peine à maintenir sa position sur le marché.

La Seconde Guerre mondiale marque un tournant tragique pour Imperia, l’usine étant occupée par les forces allemandes et contrainte de produire pour l’effort de guerre ennemi. À la fin du conflit, l’entreprise tente de se relever mais finit par cesser ses activités en 1958, laissant derrière elle un riche héritage dans l’histoire de l’automobile belge.

Imperia et la compétition automobile, un héritage sportif

Tout au long de son existence, Imperia a participé à de nombreuses compétitions automobiles, remportant plusieurs victoires prestigieuses – dont les 24h de Spa-Francorchamps – qui ont contribué à sa renommée et à son image de constructeur de voitures de qualité et de performance.

Après plus de 50 ans d’activité, Imperia a fermé ses portes en 1958, laissant derrière elle un héritage durable dans l’histoire de l’industrie automobile belge.

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