Le château de Noisy, également connu sous le nom de château Miranda, est sans doute l’un des lieux les plus mystérieux et emblématiques de Belgique. Construit au XIXe siècle et aujourd’hui totalement détruit, il reste une légende vivante dans l’imaginaire collectif, notamment chez les passionnés d’urbex / exploration urbaine. Retour sur l’histoire de ce monument au destin tragique.
Fuyant la Révolution française, le comte de Liedekerke-Beaufort quitte le château de Vêves et se réfugie à Celles, où il possède un manoir nommé « château de Noisy ». À partir de 1866, ses descendants décident de transformer ce modeste bâtiment en un somptueux château de style néogothique, inspiré des grandes demeures anglaises.
Carte postale, Public domain, via Wikimedia Commons
L’architecte Edward Milner en conçoit les plans, mais décède avant l’achèvement. C’est le français Pelchner qui termine la construction en 1907, avec comme pièce maîtresse une majestueuse tour de 67 mètres surmontée d’une horloge monumentale.
Pendant des décennies, le château de Noisy fut utilisé comme résidence d’été par la famille aristocratique. Mais après la Seconde Guerre mondiale, son destin prend un virage : en 1950, il est transformé en centre de vacances pour les enfants du personnel de la SNCB. Une vocation sociale qui ne durera pas.
Anthony Rauchen, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
Un incendie, puis la prolifération de la mérule (un champignon destructeur), obligent l’abandon complet du château en 1991.
À l’abandon, le château devient une légende parmi les amateurs d’urbex. Sa silhouette féérique en ruines, ses escaliers majestueux, ses voûtes bleues et ses couloirs dévastés en font l’un des spots les plus photographiés de Belgique.
En 2013, la Tribune de Genève le classe même parmi les 40 plus beaux lieux oubliés au monde.
Face à la dégradation avancée, des passionnés créent l’association ARESNO pour tenter de sauver le château. Le ministre Carlo Di Antonio inscrit temporairement le bâtiment sur la liste de sauvegarde du patrimoine wallon en 2014, mais cela ne débouche sur aucune restauration.
Le permis de démolition est délivré en 2015. Malgré plusieurs recours juridiques et interruptions des travaux, la destruction commence fin 2016.
La démolition est émaillée d’incidents : incendies suspects, actions en justice, appels aux dons pour un démontage pierre par pierre… Rien n’y fera. En octobre 2017, la tour centrale est abattue, signant la fin définitive du château.
Régine Fabri / Wikimedia Commons
Aujourd’hui, seuls subsistent quelques gravats et les anciennes écuries, vestiges silencieux d’un patrimoine qui a fasciné le monde entier.
Le château a servi de décor pour plusieurs œuvres cinématographiques et télévisuelles :
Anubis et la vengeance d’Arghus (2009)
Dead Man Talking de Patrick Ridremont (2012)
Hannibal (saison 3, 2015), où il représente le Castle Lecter en Lituanie
En 2025, un château inspiré de Noisy est recréé dans le parc Epic Universe d’Universal Studios