Zillion, l’histoire courte mais intense de la plus célèbre discothèque d’Anvers

Histoire

16/10/2022

5 minutes

En à peine 4 ans de vie, le Zillion s'est rapidement imposé comme une légende dans le monde de la nuit. Sous la houlette de Frank Verstraeten, ce méga dancing a laissé une empreinte indélébile dans l'histoire de la vie nocturne belge.

Les débuts du projet

1996, Fank Verstraeten – propriétaire d’une societé informatique ayant fait faillite quelques mois plus tot suite à des rumeurs d’escroqueries a la TVA – achete une salle de sport dans le sud de la ville d’Anvers, afin de la transformer en méga discothèque.

Le Zillion ouvre ses portes le 16 octobre 1997, et se fait très rapidement connaitre pour son infrastructure technique, avec des chiffres donnant le tournis.

Petit tour du propriétaire

Théoriquement prévu pour le sport et la culture, le bâtiment comprenait entre autre : 4 salles, 1 restaurant, 1 cyber-café, 1 espace VIP, ainsi que des loges pour les nombreux artistes venant se produire.

Niveau matériel, le Zillion était également sur-équipé pour l’époque, avec 70.000 watts de son, 1.250.000 watts de lumières (+ de 500 effets de lumières), 3 lasers couleurs, télévisions, machines à neige, énormes ventilateurs, pluies de confettis, feux d’artifices intérieur … le tout reparti sur une giga structure motorisée, tournoyant autour du public.

Plus surprenant encore, la boite possédait une piste de dance montée sur un système hydraulique (lui permettant de se lever et de descendre sur une distance de 25cm) mais également un aquarium de 40.000 litres, ou des danseuses y prenaient régulièrement place

La salle a également été régulièrement utilisée pour de grands événements télévisés par TMF et d’autres chaînes pour la jeunesse. Par exemple, les MTV Music Awards s’y sont déroulés le 13 novembre 1998 avec le Prince Laurent comme invité d’honneur.

L’Ascension et les Controverses

Derrière cette façade flamboyante, des problèmes sérieux se cachaient. Sécurité mise en péril, licences souvent bafouées et des activités frauduleuses, notamment des affaires de blanchiment d’argent et de drogues, ont terni la réputation du club.

Frank Verstraeten aurait, entre autres, demandé un permis de construire pour transformer un complexe sportif en un espace polyvalent dont la discothèque n’aurait été qu’une petite partie. Un maximum de 1 500 visiteurs aurait été envisagé. Dans la pratique, les salles de sport et de théâtre promises se sont révélées inexistantes, et le lieu a accueilli 4 000 personnes. Le même mois d’ouverture, des PV ont été dressés pour non-respect du permis de construire, risques d’incendie et nuisances sonores.

Des soirées à caractère pornographique – Zundays – ont également été organisées, provoquant des controverses et des poursuites judiciaires.

Le club devra même fermer momentanément en 1998, après que la police n’ai découvert pendant une perquisition 20 caisses de feux d’artifices et d’armes interdites cachées sous la piste de danse. Le propriétaire gagnera le procès en raison d’erreurs de procédure.

Le début de la fin

En 2001, les soucis continuent pour Frank Verstraeten, qui sera placé en détention provisoire, soupçonné de tentative d’homicide, de fraude, de coups et blessures, de violation des lois sur la construction et l’environnement, d’outrage public à la pudeur, de home-jacking douteux, de menaces, de stockage de feux d’artifice, de traite des femmes et de (tentative de) corruption. Il est également soupçonné, avec sa mère, de blanchiment d’argent et de fraude fiscale.

En octobre 2001, le méga-dancing sera mis sous scellés à la suite d’une perquisition effectuée par les inspecteurs de la cellule financière de la police judiciaire fédérale.

Malgré une tentative de réouverture illégale en 2003, le club a finalement fermé définitivement. Frank Verstraeten, le cerveau derrière ce projet, a été confronté à des accusations de fraude fiscale et à d’autres délits, le conduisant à des peines de prison et à des amendes.

Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Pas grand chose ! Apres avoir été abandonné pendant presque 15 ans, le bâtiment de la Jan Van Gentstraat à été démoli en 2017, laissant place à une résidence ainsi qu’une station service.

L’esprit du Zillion à revécu à plusieurs reprises, grâce notamment à des soirées « retrouvailles » organisées au SportPaleis d’Anvers, rassemblant environ 10000 personnes chacune. Des soirées officielles Zillion sont encore régulièrement organisée en Flandre et aux Pays-Bas.

Un film est également sorti fin 2022, retraçant l’histoire courte mais intense de ce lieux hors-norme et mythique de la vie nocturne anversoise.