Le Beffroi de Gembloux est une haute tour communale de 35 mètres de hauteur. Elle est en fait le clocher de l’ancienne église Saint-Sauveur, rehaussé et aménagé pour servir à de nouvelles fonctions.
Historique
L’église Saint-Sauveur, située à Gembloux, est considérée comme la principale paroisse de la ville. Sa construction remonte au XIIe siècle, sur les fondations d’un édifice datant du Xe siècle. À cette époque, Gembloux reçoit sa première charte de libertés communales en 1123, confirmée en 1187 par Godefroid III, duc de Brabant.
Au fil du temps, le clocher de l’église est rehaussé à plusieurs reprises pour répondre aux besoins de la municipalité. En 1478, une horloge est installée dans le clocher, et en 1531, il est transformé en tour de guet. Comme dans d’autres communes, le clocher de l’église acquiert progressivement un rôle social et communautaire quasi officiel, tout en jouant également un rôle dans la défense de la commune.
En 1678, un incendie ravage Gembloux. À la suite de cet incendie, un atelier de fonte de cloches est établi pour reconstruire la ville. Pendant la période post-révolutionnaire, l’église est fermée au culte, probablement lorsque les bâtiments de l’abbaye sont vendus comme biens nationaux. Cependant, l’église abbatiale est adoptée pour devenir la « paroissiale » de Gembloux, sous le vocable de « Saint-Guibert ». L’église Saint-Sauveur, quant à elle, est en mauvais état et abandonnée. Elle est reprise (ou rachetée) par la commune en 1810. Quinze ans plus tard, en 1825, la nef et le chœur de l’église Saint-Sauveur sont démolis car ils sont en très mauvais état.
Cependant, le clocher est préservé, restauré et transformé en beffroi officiel de Gembloux. Depuis 1889, les murs de l’édifice sont recouverts d’un revêtement de briques. En septembre 1905, la partie supérieure du beffroi est ravagée par un incendie. Un nouveau lanterneau est construit en 1907 au sommet du clocher, avec une conception différente et uniques dans la longue liste des beffrois belges : il a une forme bulbeuse, contrairement à l’ancien qui s’élevait en flèche vers le ciel. Le beffroi est surmonté d’une girouette portant les armoiries de la ville de Gembloux.
Un carillon (presque) unique dans la province
Le beffroi de Gembloux est doté d’un remarquable carillon composé initialement de quatre cloches de volées, y compris un bourdon, installées en 1905. Plus tard, en 1962, un ensemble de 47 nouvelles cloches a été ajouté, créant ainsi un jeu complet de carillon, un des deux seuls carillon de concert en province de Namur.
En 2009, celui-ci a bénéficié d’une rénovation complète, entre autres l’automatisation du carillon, grâce à qui vous pourrez entendre les cloches jouer quelques notes tous les quarts d’heures.
Des cloches fabriquées sur place
En 2015, lors de fouilles dans les sous-sols du beffroi, les archéologues ont découvert un ancien atelier de fonte. En plus du moule quasi intact d’une grosse cloche, ils ont également découvert les restes d’un four ainsi que des fragments de moules en argile.
Malheureusement, cet atelier va devoir être réenfoui. En effet, l’humidité ambiante crée de la moisissure qui dégrade assez rapidement les moules qui sont maintenant à l’air libre. La seule solution pour conserver ces reliques datant de plusieurs siècles et donc de les recouvrir de terre.
Un nichoir à faucons
En mars 2019, un nichoir à rapaces a été installé au sommet du Beffroi de Gembloux dans le but de favoriser l’espèce du faucon pèlerin, autrefois menacée, tout en contrôlant la surpopulation des pigeons en centre-ville grâce à la réintroduction de leur prédateur naturel. Peu de temps après, un couple de faucons pèlerins s’est installé dans le nichoir, et de 2020 à 2022, plusieurs nichées de 2 à 3 fauconneaux se sont succédées, étroitement surveillées par l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique.
Désormais, grâce à une caméra installée, vous pouvez plonger dans le quotidien de cette petite famille de rapaces, en cliquant ici.
L'avenir du Beffroi
Depuis plusieurs années, la Ville de Gembloux réfléchit à comment valoriser son beffroi. Les subsides arrivent enfin et les différents projets peuvent commencer à prendre forme, notamment un square à la place de l’ancienne église, dont quelques vestiges resteront visibles, mais également un réaménagement de l’intérieur du beffroi, afin de faciliter son accès au public.